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Les formations des IMF
Dans le cadre du projet, les IMF ont suivi six formations destinées à améliorer leurs connaissances en matière de crédit agricole.
Ces formations revêtent un caractère indispensable dans ce projet ayant pour but de stimuler l’intérêt des IMF au financement de l’agriculture, on peut néanmoins déplorer :
– Qu’elles soient intervenues tardivement dans le projet ;
– Qu’elles se soient limitées au stade de la formation initiale sans un plan de formation continue suffisamment long et étoffé pour véritablement contribuer au changement de perception des IMF vis-à-vis des agriculteurs.
Ainsi, la première formation n’a été réalisée qu’en octobre 2021. Le sujet était la connaissance des filières agricoles et le cycle de crédit agricole. L’objectif principal était de renforcer les capacités des agents des institutions financières sur les différentes techniques des crédits agricoles, dans le financement des filières agricoles pour un meilleur traitement et suivi des dossiers des porteurs de projets et leur permettre d’augmenter leur capital productif pour une plus grande rentabilité.
Les cinq autres formation ont été dispensées en 2022 . La première en début 2022, dont l’objectif principal était de renforcer les capacités des agents des institutions financières et des autres acteurs partenaires de la mise en œuvre des activités d’appui au financement des filières agricoles par le Projet Pôles ruraux (PPR). De manière spécifique, il s’agissait :
– d’avoir une compréhension claire des filières et chaines de valeur des principales cultures irriguées de la région de Tahoua ;
– de maîtriser la cartographie des chaînes de valeur : acteurs, opérations de création de valeur ajoutée, transactions et transmission des prix des chaînes de valeur des principales cultures ;
– de maitriser les principaux éléments de l’analyse d’une filière agricole ;
– de connaitre les outils de gestion des risques dans le financement des filières agricoles et choisir les modèles commerciaux correspondants aux financements des filières ;
– d’explorer et exploiter les instruments de financement des filières agricoles.
La deuxième en juin 2022 a concerné la finance numérique au profit des institutions financières et des acteurs partenaires dans le cadre du financement à coûts partagés. L’objectif général de cette formation était de permettre aux participants de comprendre les services financiers mobiles et comment les intégrer aux produits et services traditionnels offerts par les institutions financières.
La troisième formation, dispensée en juillet 2022, a touché la thématique de la gestion des risques de crédit agricole.
Cette formation avait pour objectifs principaux :
– de comprendre et de connaître les principaux risques financiers du crédit en lien avec les exigences règlementaires et prudentielles en vigueur ;
– de comprendre et de connaître les risques spécifiques (risques crédit et risques opérationnels) liés au crédit agricole ;
– de maîtriser les principaux éléments d’une analyse des risques de crédit agricole ;
– de comprendre et de connaître les outils de gestions des incidents et la mise en contentieux dans le cadre du crédit agricole.
Il est encore trop tôt pour mesurer toutes les retombées de cette formation sur les niveaux de risque de crédit agricole dans ces institutions.
La quatrième formation a été réalisée en faveur des IMF sur la gestion des impayés de crédit. Cette formation technique devait permettre aux participants :
– de comprendre les causes des impayés au niveau des institutions financières ;
– de maîtriser les outils et techniques destinés à la mesure des impayés ;
– de maîtriser les outils et techniques destinés à limiter les impayés ;
– de connaître les impacts des impayés sur les institutions financières ;
– de connaître et maîtriser les indicateurs de mesure des impayés : PAR, taux de remboursement, taux d’impayés, taux de recouvrement ;
– de maîtriser les moyens de contrôle des impayés.
Cette formation orientée sur la mesure et la gestion du risque de crédit agricole au quotidien est une étape indispensable pour favoriser la pérennité de ces institutions. La maîtrise du risque est une matière particulièrement délicate qui demande des outils de mesure et de gestion efficaces, sans quoi ces institutions sont vouées à disparaître.
Enfin, la dernière formation a été réalisée entre septembre et décembre 2022 sur la thématique du développement de produits financiers. Cette formation devait permettre aux participants :
– de connaître et de comprendre le processus de développement d’un produit financier ;
– d’évaluer la capacité institutionnelle d’une institution financière pour le développement d’un produit financier ;
– de connaître les différentes techniques d’études de marché orientées sur le client
– d’interpréter les résultats des études pour concevoir des prototypes de produits financiers
Dans un contexte initial où les IMF ne connaissent pas suffisamment la clientèle agricole, cette formation a été une incitation à s’intéresser davantage aux besoins des agriculteurs via une approche centrée sur le client. En effet, c’est en partant des besoins des clients, eux-mêmes définis par les caractéristiques des exploitations (surface cultivée, type de culture, calendrier des récoltes, revenus des récoltes, accès ou non à l’irrigation, accès ou non aux intrants, pratique ou non d’une épargne régulière etc…) qu’une institution sera en mesure d’offrir des services financiers adaptés.
Si le projet a tenté d’apporter des savoirs et techniques indispensables à un secteur de la microfinance fragile et encore frileux à prêter aux agriculteurs. Ces activités de formation et de sensibilisation des acteurs de la microfinance, bien qu’indispensables, ne furent pas dimensionnées correctement par rapport à l’ambition initiale de fluidifier la relation entre les institutions de microfinance et les agriculteurs.
Un programme de formation initiale mais aussi continue contenant des actions de développement diversifiées (formations en classe suivie d’une mise en pratique supervisée par les formateurs sur le terrain puis d’un retour en classe pour un rafraîchissement par exemple) manqueront probablement à cette initiative de formation nécessaire mais insuffisante pour modifier de manière pérenne les préjugés des IMF vis-à-vis du monde agricole.