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Le renforcement des responsabilités des acteurs vis-à-vis du financement de l’agriculture

L’effet recherché par le mécanisme de financement à coûts partagés semble être d’abord et avant tout un effet d’entraînement de toutes les parties prenantes pour la pérennisation du financement de l’agriculture. En effet si le mécanisme partage les coûts du financement des agriculteurs, il partage surtout les responsabilités entre acteurs institutionnels, institutions financières et exploitants agricoles.

Au-delà des résultats quantitatifs exposés dans la partie précédente, le projet a eu pour effet, certes plus intangible mais pas moins puissant, de renforcer chacun des acteurs dans son rôle :

 Les agricultrices et les agriculteurs : ces derniers ont apporté un montant total de financement de 108 millions de FCFA. Ces producteurs et productrices ont ainsi été impliqués dans le succès de leur exploitation, au travers d’un engagement financier, ce qui n’est pas toujours le cas. On peut donc faire l’hypothèse que cette contribution, surtout pour les jeunes, est un facteur d’appropriation du projet et de responsabilité par rapport au financement, mais cela devra être confirmé car il reste encore 67% des crédits octroyés en cours de remboursement. De plus, il convient de noter que l’apport de 10% provient des emprunteur eux-mêmes (vente de bétail, tontine recours à la famille, …) ou d’une aide des coopératives ou des unions mais aussi du recours à des usuriers ou d’une avance par les fournisseurs qui est ensuite répercutée sur le prix des équipements.

 Les IMF : les IMF ont décaissé l’équivalent de 709 millions de FCFA de crédit via ce dispositif de financement à coûts partagés et 601 millions de FCFA de subventions du PPR. L’effet d’entraînement recherché par le projet vis-à-vis des IMF était celui de modifier leur attitude frileuse à l’égard du secteur agricole, leur perception du risque et les inciter à financer davantage des agriculteurs et des agricultrices. Les différentes formations avaient pour effet de faire évoluer leur perception du risque vis-à-vis du secteur et de les outiller pour mieux le maîtriser, mieux gérer les impayés et concevoir des produits de crédit adaptés. L’accès à du matériel roulant et à des subventions d’équilibres apporté par le projet était également de nature à développer les capacités des IMF à se déplacer pour suivre leurs clients et organiser leur prospection. On peut néanmoins déplorer que ce matériel et ces subventions aient été mis à disposition si tardivement en avril 2023.
Cette expérience acquise par les IMF en particulier par la BAGRI et Yarda Tarka Maggia devrait ensuite permettre à ces institutions de poursuivre leur engagement dans le financement agricole.

 Le FISAN : le PPR s’est appuyé sur le FISAN, et a contribué à structurer sa fonction d’instrument de mise en œuvre de la stratégie de financement de l’agriculture de l’Etat nigérien, en particulier de sa facilité 1. Malheureusement, les retards dans ce processus n’ont pas permis d’utiliser le fonds de garantie comme cela était prévu mais à la fin du PPR, tout est maintenant en place pour que les 500 millions de FCFA puissent servir pour garantir les prêts à l’agriculture.