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Le contexte de création du dispositif de soutien financier

Représentant près de 40% du PIB du Niger et 80% de la population active du pays, le secteur agricole constitue un levier important de croissance économique et de réduction de l’extrême pauvreté. Celle-ci touche près de 42% de la population nigérienne, soit plus de 10 millions de personnes.

Dans ce contexte, le PPR a mis en œuvre un dispositif ambitieux de soutien au financement de l’agriculture irriguée au bénéfice des agricultrices et agriculteurs des régions d’Agadez et de Tahoua.

Le dispositif s’inscrit dans la stratégie nationale de sécurité alimentaire du Niger, l’Initiative 3N, les Nigériens Nourrissent les Nigériens, visait plus largement à soutenir le développement du secteur agricole souffrant d’un manque de financement chronique et structurel. L’agriculture reste sous-financée par rapport à sa contribution à la richesse nationale. En effet, les banques au Niger affectent moins d’un pour cent de leur portefeuille crédit à l’agriculture. Toutefois, la BAGRI, depuis 2011, a affecté un tiers de ses financements à l’agriculture (7 milliards de FCFA). La contribution du secteur de la microfinance reste quant à elle difficile à évaluer faute de données fiables.

Le manque d’implication du secteur financier nigérien dans l’agriculture s’explique comme dans d’autres contextes par les risques élevés qui y sont associés : aléas climatiques, fluctuations importantes des prix, manque de structuration des chaînes de valeur, éloignement géographique de la clientèle cible, coûts opérationnels élevés, limitations techniques des clients agricoles, etc.

Il est à noter que le Niger affiche parmi les taux d’inclusion financière les plus faibles des pays membres de la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), soit 15% contre une moyenne des pays membres de 63% . Le secteur de la microfinance nigérien a subi un succession de défaillances de ses Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) depuis le début des années 1990 puisque sur plus de 300 institutions de microfinance (IMF) créées depuis 1993, 39 seulement étaient encore en activité en 2020, soit la disparition de 87% d’entre elles en moins de 30 ans.

En répondant à cette situation, les programmes internationaux de développement se sont souvent heurtés à l’écueil de mécanismes de financement dirigistes basés sur des taux de subventions élevés (70% et plus), n’impliquant pas financièrement les bénéficiaires et excluant les institutions de microfinance de leurs dispositifs .

En Afrique de l’Ouest en général au Niger en particulier, le secteur financier formel est composé du secteur bancaire qui s’adresse plutôt à une clientèle urbaine composée d’entreprises, de salariés, …. disposant de revenus conséquents et réguliers et du secteur de la microfinance qui concerne les personnes à faible revenu et situées aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural.

Dans les régions d’Agadez et de Tahoua, le manque de service financiers de proximité est encore plus prégnant que dans le reste des cinq autres régions du pays. Les IMF Asusu, Tanaadi et Kokari autrefois actives dans ces régions, ont été mises sous administration provisoire. Cette situation s’explique notamment par des raisons de mauvaises gouvernances et de systèmes de contrôle interne défaillants.

A ce contexte peu favorable du secteur financier dans ces régions, s’ajoutent les pratiques usurières des commerçants et des transformateurs qui sont le plus souvent la seule alternative de financement. Ces « usuriers » qui pratiquent des taux d’intérêt extrêmement élevés, proposent néanmoins des crédits sous forme monétaire et/ou à travers la mise à disposition d’intrants, de nourriture ou de petits équipements à des conditions de remboursement souvent plus flexibles (vente sur pied et remboursement en nature au moment de la récolte). Ces conditions de remboursement très souples et le lien de confiance tissé, parfois sur des générations, entre les commerçants et les exploitants expliquent ce recours et ceci d’autant plus que les IMF ne peuvent pas répondre à la demande.

Pour faire face aux défis que pose le financement agricole et rural, le PPR dans sa conception initiale avait été défini de manière à développer une stratégie permettant d’apporter une réponse adaptée et complète aux besoins des acteurs des chaînes de valeurs agricoles.

Le dispositif du PPR s’est ainsi concentré sur le financement des filières agricoles irriguées (l’oignon, la tomate, le chou, la pomme de terre, la patate douce) jugées à fort potentiel car représentant 30% de la production agricole du pays et 90% des exportations du secteur. Aussi, l’accès des agricultrices et des agriculteurs aux facteurs de production (intrants, équipements) a été identifié comme un besoin particulièrement mal couvert.

Au cœur de son dispositif, le PPR a prévu un mécanisme de financement à coûts partagés (FCP) complété par des actions de sécurisation des financements et de renforcement de capacités des acteurs du financement agricole.