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Détail des étapes et acteurs mobilisés

Le dispositif de formation-accompagnement mobilise une diversité d’acteurs, en fonction des étapes concernées et des échelles d’intervention : village, commune, département et région. Une partie de ces interventions sont menées de manière collective et concertée, notamment dans le cadre du comité régional, instance au rôle central et décisionnaire dans le dispositif. D’autres acteurs, qu’ils soient membres ou non du comité, interviennent simultanément, pendant la formation et durant l’accompagnement post-formation.

Le choix des sites et des jeunes pour la formation

La sélection d’un site de formation s’appuie sur une combinaison de critères tels que la possibilité de mettre à disposition du projet un terrain d’une taille suffisante ou encore la disponibilité d’une ressource en eau à proximité du site. A ces critères en général peu contraignants, vient s’ajouter celui de la constitution d’une liste de candidates et candidats intéressé·es pour suivre la formation. Pour être éligibles, les personnes doivent être âgées de 18 à 35 ans, ne pas être scolarisées, être motivées et disposer d’un lopin de terre ou d’une promesse de don de la part d’un proche. La constitution de la liste des personnes intéressées par la formation fait l’objet d’échanges à l’échelle du village, entre les chefs de villages et les représentants des groupements et organisations paysannes.

Si le nombre de candidates et candidats dépasse la capacité d’accueil en formation telle que prévue par le projet, une assemblée villageoise est organisée afin de parvenir, par consensus, à une liste de 20 à 22 postulant·es. Généralement, une liste secondaire est alors constituée en vue d’une nouvelle vague de formation, qui peut être organisée sur le même site lors d’une prochaine saison.

Les listes des jeunes par village sont ensuite consolidées au niveau de chaque commune et sont soumises au comité régional. Cette instance joue un rôle clé à toutes les étapes de la formation ; elle rassemble les représentants de 6 institutions et organisations : la Chambre régional d’agriculture (CRA), le Conseil régional (CR), la Direction régionale de l’enseignement et de la formation technique et professionnelle (DREFTP), la Direction régionale de l’agriculture (DRA), l’Agence de promotion du Conseil agricole (APCA) et un point focal des maires de la région. Les propositions de sites sont étudiées par le comité régional en amont de chaque nouvelle vague de formation et font l’objet d’une mission de terrain. Au cours de cette mission, les membres du comité se répartisse en deux, voire trois équipes. Le déplacement est organisé sur plusieurs jours et financé par le projet . Sur place, les membres du comité régional s’assurent que le site répond effectivement aux critères mentionnés et ils organisent des temps d’échange avec les villageois et villageoises, dont les jeunes femmes et hommes intéressé·es par la formation. Ils sont accompagnés de représentants de la commune et du service communal de l’agriculture. Cette étape – ainsi que l’ensemble des déplacements organisés au cours de la formation – donne l’opportunité aux services déconcentrés de l’Etat ainsi qu’aux organisations de conseil et de formation agricoles de suivre le déroulement des formations de manière rapprochée. Par ailleurs, le choix des sites fait l’objet d’échanges élargis à l’issue de cette mission d’identification : un atelier de concertation est organisé au niveau régional afin de mettre en discussion les observations de terrain et de parvenir à un consensus sur le choix des sites. A titre d’exemple, la préparation des formations de la saison sèche froide 2020-2021 (de novembre à avril) dans la région de Tahoua a nécessité la visite de 89 sites et l’atelier de concertation régional, organisé sur une journée, a permis d’en retenir 33. Au-delà des membres du comité régional, cet atelier a réuni les 22 maires des communes ayant soumis des propositions de sites ainsi que des représentants d’autres projets et programmes en cours dans la région, des Services techniques régionaux de l’I3N et du Code rural ; des Organisations paysannes présentes dans la zone ; des institutions financières impliquées dans le projet et des opérateurs de formation.

L’implication d’une diversité d’acteurs d’un niveau régional dans le processus d’identification des sites de formation et les modalités par lesquelles ces personnes se mobilisent (déplacements sur le terrain, animation d’un atelier régional) contribuent à la transparence du choix des sites. Cette transparence semble également avoir contribué à une répartition équitable des sites entre les communes au sein d’une vague de formation, et d’une vague de formation à une autre. Par ailleurs, l’atelier organisé au niveau régional à l’issue des visites de terrain permet d’élargir le processus de décision à d’autres acteurs que ceux d’un niveau régional. Les maires des communes peuvent par exemple contribuer aux débats, sans être uniquement représentés par l’un d’entre eux au sein du comité régional.

En revanche, il est plus difficile d’analyser sur quels critères s’effectue le choix des jeunes femmes et hommes intéressés pour entrer en formation dans le cas où leur nombre est supérieur à la capacité d’accueil du site, et au-delà des critères d’éligibilité fixés par le projet.

La formation des jeunes et leur suivi

Au cours de la formation, un ensemble d’acteurs intervient auprès des jeunes et/ou auprès du formateur. Ce dernier est proposé par l’opérateur de formation. Ces derniers sont recrutés par le comité régional, à travers un appel d’offres, ouvert uniquement à des opérateurs de formation déjà implantés dans la région. Le formateur il est le référent du site et est présent pendant toute la durée de la formation. Au-delà des modules qu’il dispense, le formateur est également chargé de suivre la progression pédagogique des apprenantes et des apprenants. Lorsqu’un conseiller de la CRA est présent dans la zone, ce dernier est chargé de passer une fois par semaine sur le site de formation : il vient en soutien au formateur, le conseille sur certains aspects techniques et, en fonction de ses compétences, il peut également animer un module de formation sur plusieurs jours. Le conseiller CRA assure également le suivi en continu des apprenantes et apprenants : lors de ses passages, il échange avec les jeunes en petits groupes sur ce qu’ils ont appris en formation, il s’assure également que le cursus et le rythme de formation, tels que définis dans le cadre du projet, sont respectés.

En l’absence de conseiller CRA dans la zone d’intervention, c’est le superviseur de l’opérateur de formation qui prend le relai et assure cette fonction d’appui/soutien au formateur. Le rôle du superviseur consiste par ailleurs à effectuer des visites régulières (au moins deux fois par mois) sur le site de la formation afin de s’assurer de l’assiduité des apprenantes et des apprenants et du bon déroulement de la formation. Il relate ces éléments dans des rapports, remis au comité régional à trois échéances : trois semaines après le démarrage de la formation, à mi-parcours (à plus ou moins 2,5 mois) et à la fin de la formation. Sur cette base, une visite du comité est organisée sur chacun des sites pour échanger avec les apprenantes et les apprenants, les villageois et les autorités. Le troisième et dernier rapport du superviseur et la dernière visite du comité régional se concentrent sur l’évaluation des compétences des apprenantes et des apprenants. A titre d’exemple, dans la région d’Agadez, des conseillers CRA sont présents dans 4 des 9 communes qui organisent des sessions de formation. Le travail des superviseurs rattachés aux opérateurs de formation est donc renforcé dans les autres communes. Enfin, des agent·es de la Direction régionale de l’agriculture, généralement du niveau départemental ou communal, peuvent également réaliser des missions de conseil et de suivi des jeunes en formation, sur base de l’élaboration de termes de références préalablement validés par le projet.

Les rôles des formateurs, des conseillers CRA, des superviseurs et des membres du comité régional semblent clairs, complémentaires et le dispositif suffisamment souple pour être adapté en fonction des acteurs en présence dans les zones d’intervention. Les supports utilisés par ces acteurs pour réaliser le suivi (rapports, fiches de suivis, etc.) semblent fonctionnels et il n’y a pas de difficultés majeures rencontrées dans le circuit de collecte des informations et de transmission des livrables. Comme pour la phase d’identification des sites, les membres du comité régional sont fortement impliqués dans le suivi des formations, puisqu’ils se rendent trois fois sur le terrain au cours au cours de la formation. Cette implication – de l’étape du choix des sites jusqu’à la fin de la formation – permet d’inscrire l’engagement du comité régional dans la durée et permet à ses membres de construire ou de renforcer leur expertise et leur légitimité à intervenir dans le secteur de la formation agricole.

En revanche, peu d’échanges ont lieu entre les CRA et les services déconcentrés de l’Agriculture suite à leurs visites de terrain respectives et la complémentarité de leurs appuis respectifs n’apparait pas clairement. Plus globalement, alors que l’un des points forts du dispositif de formation mis en œuvre par les CRA repose sur son coût, limité, il est frappant - et quelque peu paradoxal - de constater l’ampleur des moyens déployés pour s’assurer du bon déroulement de la formation (contenu et rythme des enseignements) et pour le suivi des jeunes en formation (assiduité et progression pédagogique). De toute évidence, une démarche évaluative permettrait de mieux rendre compte de la valeur ajoutée de la mobilisation d’un nombre important d’acteurs dans le suivi des formations, à la fois pour que la formation soit de qualité et pour favoriser la progression pédagogique des apprenantes et apprenants.

L’accompagnement (post-formation)
A l’issue de leur formation et dans le cadre du développement de leurs activités maraichères, les apprenantes et apprenants peuvent bénéficier de deux formes d’appui : des conseils techniques et de gestion et un soutien financier.

Les conseils techniques et de gestion sont délivrés par les CRA. Cet appui s’inscrit dans le cadre du service de Conseil de gestion aux exploitations familiales (CGEF), financée dans le cadre du PPR.

La mobilisation d’un conseiller CRA est toutefois conditionnée, là aussi, à leur présence dans les zones d’intervention. Ainsi à Tahoua, par exemple, les apprenantes et apprenants de trois sites de formation sont, depuis la fin de leur formation en 2021 et 2022, accompagné·es dans le cadre du CGEF. Dans le cas où ces transitions vers ce type d’appui-conseil ne sont pas possibles, l’accompagnement des jeunes sur le plan technique par les CRA s’arrête à la fin de la formation.

Les jeunes femmes et hommes qui en expriment le souhait peuvent également être accompagné·es par les CRA dans la constitution d’un dossier de financement via le mécanisme de financement à coût partagé (FCP) expérimenté dans le cadre du projet ainsi que par les Institutions de microfinance (IMF) dans l’étude et le suivi de la mise en œuvre de leur demande de crédit.

Dans le cadre du suivi post-formation, la dimension pluri-acteurs est peu mise en œuvre et repose essentiellement sur les CRA. Les services techniques déconcentrés du ministère de l’Agriculture n’ont, en effet, pas de moyens spécifiques pour assurer un suivi des jeunes à l’issue de leur formation et l’Agence de promotion du conseil agricole (APCA) dont la mission est de renforcer et coordonner les activités de conseil agricole à l’échelle de chacune des régions, est intervenue tardivement dans le projet . Cela se traduit par un suivi nécessairement limité des apprenants et des apprenantes à l’issue de leur formation, ce d’autant que la mobilisation des financements issus du FCP a été laborieuse et a connu des dysfonctionnements.